Les responsables lorrains de Sodiaal ont pris l’initiative d’une réunion, qui s'est tenue le 19 janvier à Ludres (54), avec les décideurs agricoles «pour recréer du lien».
Ambiance tout à fait particulière le 19 janvier, à Ludres, à l’ancien siège de l’Ulpl, puis des Fromageries de Blamont (Lfb), qui a accueilli tant de réunions préparatoires à la fusion des deux coopératives laitières historiques de la Meurthe-et-Moselle. Le site appartient au groupe Sodiaal depuis qu’il a repris Lfb, il y a presque dix ans. Les liens avec les organisations professionnelles agricoles (Opa) 54 et 57 se sont un peu distendus depuis lors.
«De l’étable à la table»
Laurent Hassoux, qui a pris la présidence de la région Centre-Est du groupe, à l’automne dernier, et Christophe Mercier, le président de la section Est, ont souhaité rétablir le contact, en organisant une réunion d’information à l’intention des présidents et des directeurs de ces Opa et des partenaires. Ils étaient entourés de Jean-Charles Maillard, le directeur de bassin, et de Zoé Giren, responsable relations producteurs.
Les dirigeants ont expliqué l’esprit qui anime la stratégie du groupe «une filière de l’étable à la table». Laurent Hassoux rappelle quelques chiffres-clés : 9.564 exploitations collectées en France, pour près de 17.000 éleveurs, soit une ferme laitière sur cinq ; 9.615 collaborateurs ; un chiffre d’affaires de 4,6 Mds € en 2021 ; une forte présence à l’international : exportation dans plus de 20 pays, et réseau de franchisés dans plus de 40 pays. Sur la région Centre-Est, un bon millier de fermes livrent 508 millions de litres, et 13 unités de transformation sont implantées sur ce territoire, complète Christophe Mercier.
Le président de Centre-Est réaffirme «le modèle solidaire» de fonctionnement qui repose «sur une gouvernance par et pour les éleveurs». Il défend «un fonctionnement vertueux et solidaire de répartition de la valeur, avec des bénéfices reversés pour les deux tiers aux éleveurs, et pour le tiers réinvesti dans la coopérative». Laurent Hassoux rappelle ensuite le double engagement sur la voie de la qualité du lait, et du renouvellement des générations, à travers les démarches de la route du lait et de la Sodiaal Box, qui permet un avantage de 10.000 €, au jeune de moins de 40 ans, activable dans les cinq ans après son installation.
500 €/1.000 litres en 2023
Sur les huit zones de collecte du groupe, trois sont situées sur la Lorraine. Viennent s’y greffer les services froid-ferme et matériel d’élevage ; agrofourniture ; conseil ; animation territoriale. Christophe Mercier insiste sur les «trois piliers de la responsabilité sociétale des entreprises (Rse). Des élevages tournés vers l’avenir ; des produits apportant le meilleur du lait ; une communauté fière et engagée». Un tiers des fermes ont réalisé un diagnostic bien-être animal, l’objectif étant de parvenir à 100 % d’ici fin 2024. Autre mobilisation autour de la réduction des Gaz à effet de serre, pour laquelle Sodiaal vise - 10 % minimum d’émissions, au litre de lait, en 2026. Une montée en puissance évolutive à trois étages : Self CO2, Cap’2ER, label bas-carbone…
Dernier angle qui a nourri les échanges lors de cette rencontre, la conjoncture économique 2022, marquée par de multiples tensions inflationnistes. Laurent Hassoux déplore le comportement de la grande distribution «qui tarde, en France, à accepter les augmentations nécessaires à la couverture des hausses subies par les différents maillons de la filière. Conséquence : des prix très décrochés comparativement à ceux des produits laitiers vendus au sein de l’Union européenne».
Sodiaal surveille en permanence l’équation laitière «pour garantir la meilleure valorisation possible». L’entreprise affiche un prix de référence moyenne A/B à 38/32 et tpc/tqc, à 415 €/1.000 l, soit + 74 €, par rapport à 2021. «Nous n’avons pas été si mauvais que cela, considère Laurent Hassoux, même si nous avons entendu que ce n’était pas suffisant». Les perspectives 2023 sont bonnes. «Notre objectif est de passer de nouvelles hausses auprès des clients, afin de revendiquer un prix à la production de 500 €/1.000 litres».
Une consultation de plus de 250 adhérents en France a conduit à une réflexion sur la future composition du prix du lait. La nouvelle stratégie du groupe n’était pas encore officielle, lors de la réunion de Ludres. Elle a été rendue publique depuis.
Sodiaal en Lorraine
Le groupe coopératif collecte 245 millions de litres de lait en Lorraine, chez 460 producteurs, 292 en Meurthe-et-Moselle et 153 en Moselle. Parmi eux, 125 jeunes agriculteurs installés depuis 2015. Sur la région, Sodiaal emploie 264 salariés en propre, hors Compagnie des Fromages et RichesMonts (Cfr). Il y dispose de quatre sites de transformation : Herbéviller 54 (munster Aop) ; Biencourt-sur-Orge 55 (brie de Meaux Aop), Vigneulles-lès-Hattonchâtel 55, avec Cfr (brie) et Bénestroff 57, avec Cfr (spécialités).
18 élus sont répartis sur le territoire et doivent assurer le relais auprès des producteurs : Emmanuel Pierret, Dominique Bragard, Jean-Marc Barbe, Olivier Schmit, Nicolas Brun, Rémi Samson, Guillaume Bernard, Gabriel Griffaton, Gilles Schwartz, Michel Rechenmann, Pascal Pierre, Johann Vevert, Arnaud Berard, Laurent Hassoux, Dominique Colin, Xavier Peultier, Jean-Marie Magron et Christophe Mercier.