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Le ministre était très attendu à Metz

La venue du ministre en Moselle a été l’occasion de défendre collectivement la réouverture du dossier des calamités agricoles. La profession n’accepte pas la décision du Cngra. Photo Pierre Divoux
La venue du ministre en Moselle a été l’occasion de défendre collectivement la réouverture du dossier des calamités agricoles. La profession n’accepte pas la décision du Cngra. Photo Pierre Divoux

Durant deux journées, la Moselle a été au cœur de l’élevage français. Et dans le programme chargé de ces deux journées consacrées à relever les défis de l’agriculture,
il y avait un invité très attendu. Le ministre de l’Agriculture.

En organisant le congrès de la Fédération Nationale Bovine, la Fdsea de Moselle a «mobilisé son réseau et l’ensemble de ses partenaires», avec «la préoccupation de mettre en avant une filière et des éleveurs». C’est dans ces termes que Fabrice Couturier a accueilli les délégations venues de toute la France pour deux journées de travail. Le président de la Fdsea a souligné «la chance d’avoir encore sur notre territoire la capacité de valoriser nos productions au travers de filières fortes et d’outils de transformation performants». Des atouts qui font de «la Moselle une terre d’élevage, et nous prétendons qu’elle a vocation à le rester».

Même ambition pour David Suck, vice-président du Département, délégué à l’Aménagement du Territoire, à l’Agriculture, aux Politiques Contractuelles et à l’Environnement. Représentant le président du Département de la Moselle à la tribune du congrès des éleveurs, il déclarait «la Moselle doit rester une terre d’élevage, sinon la forêt prendra sa place», appuyant ainsi les propos de Fabrice Couturier. Mais l’élu départemental s’est surtout attaché à démontrer la détermination de la collectivité à joindre aux discours, les actes.

Soulignant la vocation nourricière de l’agriculture, David Suck a suscité les applaudissements de la salle après un plaidoyer en faveur de «la réhabilitation de l’image de la viande». Au-delà des arguments nutritionnistes, il a défendu le concept «d’éleveur, opérateur de prairies naturelles, de biodiversité», et pourvoyeur de «pollinisateurs et de puits de carbone». Des fonctions que David Suck rattache à une «mission de service public».

Du discours aux actes

C’est dans l’approvisionnement de la restauration hors domicile (Rhd) qu’elle maîtrise, que la collectivité entend aujourd’hui accompagner l’élevage. Avec «100 collèges, 3 millions de repas», le Département s’impose comme un opérateur important de la Rhd. La Moselle s’est organisée depuis plusieurs mois maintenant, pour apporter à nos chères têtes blondes une baguette pétrie et cuite en Moselle.

La recette, selon la volonté du président Weiten, est le fruit de l’expertise d’un Meilleur Ouvrier de France mosellan. «Une pierre angulaire» dans la structuration d’une offre de productions locales, pour la Rhd en pleine évolution, a souligné David Suck qui entend bien poursuivre le développement de l’approvisionnement de la Rhd avec de la viande bovine «au juste prix».

Le ministre attendu

Durant deux journées, la Moselle a été au cœur de l’élevage français. Et dans le programme chargé de ces deux journées consacrées à relever les défis de l’agriculture, il y avait un invité très attendu. Le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire a rejoint les congressistes, le 2 février. Pas de discours depuis la tribune pour Marc Fesneau, mais un échange direct avec le patron de la Fnb, Bruno Dufayet. Les deux protagonistes ont pu s’exprimer (lire en page 3) autour d’une question centrale, «quel élevage allaitant veut-on en France et en Europe à l’horizon 2050 ?».

Il est de coutume que la venue du ministre soit mise à profit pour un échange, en marge du congrès, avec une délégation de responsables professionnels locaux. Fabrice Couturier a souhaité, pour cet exercice aux contours très protocolaires, associer le président des Jeunes Agriculteurs, et le président de la Chambre d’agriculture.

Au menu de cet échange organisé dès l’arrivée du ministre à Metz, l’épisode de météo calamiteuse de l’été 2022. Mais surtout l’incompréhension quant aux conclusions du Comité national de gestion des risques en agriculture (Cngra), en date du 18 janvier dernier. «Aujourd’hui, ce n’est qu’un tiers du département qui est reconnu en calamités agricoles et les grandes zones d’élevages en sont exclues», déplore Fabrice Couturier.

Fdsea, Jeunes Agriculteurs et Chambre d’agriculture de la Moselle n’acceptent pas la décision du Cngra, et ils l’ont fait savoir de vive voix et avec des arguments de bon sens. Fabrice Couturier, à la tête de la délégation mosellane, s’insurge, «le classement partiel de notre département ne correspond pas à la réalité du terrain constatée par la mission d’enquête, et validée par le comité départemental d’expertise». Preuves à l’appui, la démonstration est faite que «l’ensemble du département a souffert. Tous les éleveurs sont légitimes à bénéficier, cette année, des calamités agricoles».

Les Mosellans refusent également les taux de pertes communiqués par le Cngra. «Ils ne correspondent pas à ce que les éleveurs ont subi en 2022».

Fabrice Couturier a également alerté le ministre «La position du Cngra s’avère de surcroît un très mauvais signal envoyé aux éleveurs à la veille de la mise en place du dispositif d’assurance récolte».

La Moselle partage cette situation avec nombre de départements du Grand Est. Sur le fond, c’est le système indiciel (basé sur les mesures satellitaires) dont les résultats sont très éloignés de l’expertise du terrain, qui pose difficulté. Le ministre de l’Agriculture s’est engagé à solliciter ses services et se «faire expliquer pourquoi Airbus sort ça». Airbus est le dispositif de mesures indicielles de pertes de récoltes.

Zones vulnérables

Le président de la Fdsea s’est aussi attaché à alerter sur la remise en cause des moyens de production en levage, comme en grandes cultures. Ainsi, il décrivait le contexte de décapitalisation du cheptel bovin avec «dans le même temps, l’État qui impose de nouvelles mises aux normes aux éleveurs passés en zones vulnérables, depuis septembre 2021».

Au regard du contexte inflationniste, du manque de disponibilité des entreprises du bâtiment et des tensions financières que rencontrent les éleveurs, «il est indispensable de donner plus de délai ainsi que des moyens financiers supplémentaires, pour l’accomplissement des mises aux normes», plaidaient plusieurs membres de la délégation.