L’évolution climatique, la pénurie d’eau à certaines époques de l’année, sa qualité en lien avec la santé et l’usage des pesticides : autant d’adaptations qui s’imposent à un monde agricole, de plus en plus à cran sur la rentabilité économique des exploitations. La session de la Chambre régionale, à l’agence Rhin-Meuse, a brossé un panorama du diagnostic territorial du Varenne de l’eau réalisé par les chambres du Grand Est.
Marc Poulot, le président de la Cda 52, a expliqué le cheminement, de l’acquisition de références à l’accompagnement des agriculteurs, en passant par la montée en compétences des conseillers. Dix-neuf fiches territoire/filière proposant des pistes d’adaptation ont été publiées. En synthèse, la diversité des cultures permet d’étaler le risque climatique. On introduit des plantes de printemps et d’été dans les rotations colza-blé-orge, tant pour les cultures de vente, que pour la biomasse ou les fourragères. La diversité s’entend aussi au niveau des variétés et à celle des dates d’intervention. L’augmentation du taux de matière organique des sols permet également d’améliorer la rétention en eau du sol. Il est judicieux de jouer la complémentarité entre élevage et céréales.
Points de tension
L’axe 3 du Varenne de l’eau dresse une situation de l’irrigation en Grand Est, principalement présente en Alsace et en Champagne crayeuse. Il établit des principes prioritaires d’action, dans le contexte du changement climatique : stockage dans les nappes ; utilisation partagée des ressources ; infiltration et augmentation des réserves des sols ; augmentation de la résilience des systèmes de production, notamment en polyculture-élevage.
Le directeur général de l’agence Rhin-Meuse, Marc Hoeltzel, a rappelé toute la place de l’agriculture dans cette instance. «Il ne faut pas tout en attendre, son budget n’est que de 18 à 20 M€ par an, en respectant le principe de la protection de la ressource en eau». Une étude menée avec le Conseil régional montre des zones de tension futures, où la ressource se raréfie. C’est le cas de tout le massif vosgien, alimentant des cours d’eau alsaciens, qui s’est retrouvé en rouge, cet été, avec - 30 % des débits. Autre difficulté, le bassin de la Moselle, largement régulé par le lac de Pierre-Percée.
«Sur les cinq dernières années, quatre ont été marquées par le plus faible débit depuis vingt-cinq ans, seule 2021 a enregistré un plus fort débit, détaille Marc Hoeltzel. Ce qui va nous arriver : un peu plus d’eau chaque année, mais pas au même moment, plus de températures, plus de variabilité». Le Varenne de l’eau octroie 10 M€ pour le Grand Est. Deux projets concrets sont entrepris : reprise de la gestion des étangs de la Reine, à la clé une action innovante avec le bassin de l’Esch, avec l’aide du Conservatoire des sites ; la réhabilitation du barrage de la Lauch, dans le Haut-Rhin. Autres projets en lien avec l’agriculture, des petites retenues pour les fermes d’altitude et des petites retenues à la ferme en Haute-Marne, pour sécuriser l’eau potable.
Marc Hoeltzel termine sur un schéma prospectif qui rencontre un succès certain dans l’assistance : «vers des projets de territoire et des approches systémiques». À la clé, une alimentation de qualité et de proximité (label terroir) ; sobriété et diversification ; protection contre les inondations et les coulées de boue. Le directeur général pense à des actions sur les prairies, les haies, les forêts, les zones humides et entend «sécuriser l’élevage sur l’herbe».