Devant la multiplication des épisodes climatiques calamiteux, la profession agricole pointe du doigt «l’urgence d’un plan d’intervention sur l’entretien des fossés et des cours d’eau».
Comme de nombreux départements du quart nord-est de la France, la Moselle a été placée par Météo France en vigilance orange pour un risque pluie/inondations. Si ces messages d’alerte sont connus sur notre territoire, c’est la date d’émission qui a de quoi surprendre.
Nous sommes le 14 juillet et plusieurs cours d’eau ont été placés sous surveillance par le réseau Vigicrue. Les pluies abondantes vont effectivement débuter sur le Grand Est ce mercredi 14 juillet après-midi. Et les conséquences seront d’une ampleur que personne ne soupçonne en ce début d’été.
«Nous savons que nos parcelles situées en bordure de la Seille risquent d’être touchée par les crues. Mais cette ampleur et à cette date, rien ne pouvait le laisser présager», constate Gaëtan Albrech. Les prés de fauche et les pâtures destinés à l’alimentation du troupeau charolais sont très fortement impactés par cette crue estivale. Le 27 juillet, l’eau stagne toujours sur une large partie des surfaces en herbe de l’exploitation. Et là où la Seille a regagné son lit principal, «c’est un spectacle de désolation», rapporte l’éleveur.
Il constate «la double peine pour ces parcelles dont nous avons perdu la production», et pour lesquelles, «il va falloir tout de même enlever la production perdue pour permettre à la pousse suivante de se développer». Un paradoxe quand on sait que «les greniers, après plusieurs années de sécheresse, étaient vides».
Après un premier bilan destiné à donner une tendance sur l’ensemble du département, la Fdsea a répondu à la sollicitation de plusieurs présidents cantonaux du secteur de la Seille. Fabrice Couturier et Florent Dory se sont rendus dans le Saulnois ce mardi 27 juillet. Ils ont été accueillis sur l’exploitation de Gaëtan Albrech. Pour appréhender la situation de l’ensemble du cours de la Seille, Olivier Rousselle, Thierry Demange et Christophe Niedercorn avaient travaillé à un recensement des surfaces impactées.
Le technicien de rivière du Syndicat de la Seille Amont ainsi que Madame Anne Gautier, cheffe du service d’économie rurale à la Ddt, étaient également présents.
Lourd bilan
«Les pertes sont conséquentes», déplore le président de la Fdsea. A l’exemple de la Seille où «40 % des foins n’ont pas pu être récoltés», «d’autres cours d’eau ont été dévastateurs pour l’agriculture». Et de lister, «La Petite Seille, l’Albe, la Moselle». Mais Fabrice Couturier prévient, «il faudra attendre quelques semaines pour un bilan complet». Au-delà de l’impact direct sur la production fourragère, cet épisode climatique a dégradé la qualité des cultures de vente. Les céréales ont perdu de la qualité.
Devant la multiplication des épisodes climatiques calamiteux, la profession agricole pointe du doigt «l’urgence d’un plan d’intervention sur l’entretien des fossés et des cours d’eau». Pour le président de la Fdsea, «trop de retard a été pris».
«L’absence d’entretien des cours d’eau conduit fatalement à empêcher l’écoulement naturel des eaux», dénonce le secrétaire général de la Fdsea. «Les parcelles agricoles se retrouvent, en période de crues, plus rapidement recouvertes avec parfois des conséquences sur l’état sanitaire des animaux», déplore Florent Dory.
Pour soulager les conséquences de cet accident météorologique, la Fdsea a sollicité l’administration. Une vaste enquête devrait suivre sur l’ensemble du département.