Depuis dimanche 18 juillet, la moisson a véritablement débuté partout en Moselle, grâce au retour d’un soleil tellement attendu. Le gros des livraisons dans les silos débute avec plusieurs semaines de retard, et un colza d’hiver qui passe inaperçu.
Un premier tour d’horizon mardi matin, des coopératives agricoles présentes en Moselle donne des tendances sur la collecte qui débute.
Gautier Lerond, directeur du pôle agriculture de Lorca, constate que «la moisson est décevante d’un point de vue qualité par rapport à ce que l’on attendait il y a encore trois semaines». Le représentant de Lorca explique ces résultats par le caractère météo exceptionnel qui a vu, sur les quinze derniers jours, «100 à 180 mm de pluie, selon les secteurs de la coopérative, avec une pointe le 14 juillet, de 40 à 90 mm». David Meder, directeur terrain Emc2, souligne qu’en 2019 «il y avait des agriculteurs qui terminaient la totalité de leur moisson le 18 juillet alors qu’en 2021 on la commence, dans la majorité des cas, seulement le 19 juillet».
Colza médiocre
Pour le directeur terrain Emc2 «le fait majeur en colza est que l’on va collecter seulement 15 % d’une année normale». Gautier Lerond indique «qu’il y a eu des difficultés d’implantation du colza avec une sole qui a été réduite quasiment à néant». Actuellement, moins de 7 % des surfaces en colza sont rentrés en Moselle.
Au niveau de Lorca, les rendements constatés sont «médiocres à mauvais avec des baisses de rendement jusqu’à 30 %».
Déclassement et réfaction
En escourgeon, Lorca est actuellement «à 25 % de collecte avec des poids spécifiques [Ps] bas voire faibles, des orges de brasserie d’hiver en terme de calibrage inférieur à ce que l’on attend, avec des risques de déclassement en mouture. Les rendements en orges sont moins bons que prévus avec des évolutions de rendement en baisse de l’ordre de 12 à 15 % par rapport à l’an passé», précise Gautier Lerond. Le directeur du Gpb Dieuze-Morhange, Pierre Jacquin, confirme que sur l’orge déjà rentrée, soit 20 % de la collecte, «le Ps est inférieur en moyenne à 59 pour des contrats d’orge fourragère, avec des seuils entre 61 et 63 qui risquent de générer des montants de réfaction».
Blés germés
Sur le blé, la moisson n’ayant pas encore débuté à la rédaction de cet article, le représentant de Lorca se basant sur les premiers échantillons réalisés «n’a pas de visibilité fondée sur les critères qualitatifs, par contre on a des parcelles avec déjà des blés germés, et on a des parcelles avec des alertes fusarioses. Les Ps observés sont faibles».
La gestion logistique s’adapte à une très grande hétérogénéité des apports dans les silos. David Meder confirme faire face, cette année, «à la maturité regroupée d’une majorité de cultures». Pierre Jacquin s’attend à recevoir «un peu de toutes les cultures en même temps». Le directeur du Gpb note des points de vue très différents «avec, par exemple, certains qui privilégieront les blés pour éviter les pertes de déclassement s’il vient à repleuvoir samedi, d’autres s’organiseront suivant ce qu’ils veulent faire de la paille».
Les responsables interrogés espèrent tous maintenant que le gros de la récolte vienne contredire les premiers résultats, qui ne sont pas de meilleur augure, amenant à penser que la collecte 2021 pourrait être mauvaise d’un point de vue qualitatif sur l’ensemble des produits. Concernant les rendements, tous s’accordent à dire qu’il est encore trop tôt pour se prononcer avec encore du potentiel sur les cultures en place.