La communauté de communes de l’Arc Mosellan a organisé le jeudi 21 novembre une réunion autour des haies. Les agriculteurs, élus et partenaires ont été conviés à ce moment d’échanges pragmatiques proposé par Isabelle Cornette, Vice-Présidente en charge de l’environnement et Arnaud Spet, Président de l’Arc Mosellan.
La réunion s’est organisée sous forme de table ronde permettant aux intervenants de partager leurs expériences avec des échanges en simultané avec la salle. Emmanuel Lelièvre, président de la Scic de la Mayenne Bois Énergie, Simon Charle, exploitant agricole à Lacroix-sur-Meuse, Jean-François Thill, exploitant agricole à Valmestroff et Sébastien Mangin, exploitant agricole à Ogy sont intervenus à tour de rôle sur leurs parcours. Le but de la réunion était de montrer aux agriculteurs les possibilités que l’entretien des haies pouvait apporter à leur exploitation.
La haie pour moyen de chauffage
Emmanuel Lelievre est à l’origine d’un projet de chauffage au bois de haies ayant vu le jour autour des année 2004-2005 dans la Mayenne. En effet, en 2001, un collectif d’habitants avait milité pour que le projet de zone d’enfouissement ne voit pas le jour. Un autre projet de ligne à haute tension s’était également vu rejeté par les habitants. «Nous ne pouvions pas refuser tous les projets sans être force de proposition. C’est pourquoi, nous avons alors travaillé sur les énergies renouvelables et ainsi, après de nombreuses réflexions, sommes arrivées à l’idée de se chauffer grâce aux copeaux des haies. L’expérience a d’abord été sur quelques maisons, puis sur la commune puis, elle a atteint la totalité du département», se félicite Emmanuel Lelièvre. L’idée était bien sûr de préserver les haies mais également de pouvoir rémunérer les agriculteurs en leur proposant le meilleur prix possible grâce à un moyen de commercialisation tout en supprimant les intermédiaires. Les agriculteurs participants à ce projet ont ainsi appris à entretenir leurs haies et à les valoriser.
Dans la même idée de valorisation, Jean-François Thill a changé de mode de chauffage pour une chaudière au bois déchiqueté depuis maintenant quelques années. «Historiquement, nous avons de nombreuses haies dans nos prairies. Avant 2003, la gestion du bois se faisait mais nous avons été dépassés par la charge de travail de plus en plus importante et la diminution de main- d’œuvre mais également, la peur de la législation», explique Jean-François Thill. Pour lui, l’avantage du bois déchiqueté est la possibilité de mécaniser l’entretien des haies. En tant que président de Cuma, il souhaiterait également que l’entretien et le déchiquetage des haies soient mutualisés pour simplifier le quotidien des agriculteurs. Il déplore la difficulté qu’il rencontre pour trouver des entreprises locales pouvant intervenir pour le déchiquetage d’où son idée de travail ensemble.
Partie du paysage
Simon Charle, est lui, dans une démarche différente. Il s’agit d’un projet de plantation réalisé en deux épisodes afin de recréer le bocage meusien. La première vague de plantations a eu lieu dans les années 2000 par le père de Simon Charle. L’objectif était de recréer le paysage disparu tout en créant des abris naturels pour le troupeau laitier. En 2018, c’est Simon qui fait un nouveau projet de plantation de 200 arbres d’alignements toujours en partenariat avec le parc naturel. L’objectif d’ombrage reste la priorité mais également le souhait de valoriser les feuilles en fourrage pour les bovins. En plus des avantages nutritionnels, chaque espèce possède ses particularités, par exemple les saules possèdent des bienfaits vermifugeants.
Sébastien Mangin s’inscrit dans la même dynamique de plantation de haies. «Nous avons des paysages complètement différents. Votre terroir est encore conservé ici et vous ne manquez pas de haies. Chez moi, ce sont plus des plaines céréalières. Mon souhait était donc de travailler sur le paysage, la biodiversité et la faune d’où mon projet de plantation de haies», justifie Sébastien Mangin.
La haie oui, mais avec une reconnaissance
Les quatre agriculteurs s’accordent à dire que les haies peuvent être valorisées mais les projets doivent s’adapter au territoire. Il y a beaucoup de méthodes différentes et les haies pourraient être vues sur les exploitations comme un atelier à part entière, néanmoins, il faut pouvoir disposer de la main-d’œuvre et des équipement nécessaires. Des formations existent afin de les valoriser au mieux. Jean-François Thill insiste «Je pense qu’avant de vouloir planter plus de haies, il faut déjà entretenir celles présentes en nombre sur notre territoire». Plusieurs pistes de travail ont donc été proposées comme une aide sur l’entretien pour les collectivités. La création d’une charte pour leur entretien permettrait également aux agriculteurs de savoir ce qu’ils peuvent faire ou non sur leurs haies et de supprimer la peur de la sanction. Les haies jouent un rôle important dans la biodiversité, mais les agriculteurs doivent pouvoir trouver une contrepartie à leur maintien.