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Moselle, terre de champions

De g. à d. : Victor Duchaux, champion départemental, dans la catégorie à plat, devant sa raie d’ouverture. Cédric Delles, champion départemental, dans la catégorie en planche, dans l’exécution de sa raie d’ouverture. Photo Pierre Divoux
De g. à d. : Victor Duchaux, champion départemental, dans la catégorie à plat, devant sa raie d’ouverture. Cédric Delles, champion départemental, dans la catégorie en planche, dans l’exécution de sa raie d’ouverture. Photo Pierre Divoux

Tous les ans un peu plus, le niveau de la compétition progresse. Le nombre de concurrents atteste de l’attrait des jeunes laboureurs pour la discipline. Et la qualité des performances rime avec la passion que partagent ces fous du soc avec le public venu en nombre encore cette année. 

Boulay a accueilli le dimanche 25 août la 70e édition de la finale départementale de labour. Un rendez-vous que les passionnés de cette compétition ne manqueraient pour rien. Que ce soit les compétiteurs, ils étaient vingt-quatre en lice, issus des cantonales, ou le public, les commentaires sont unanimes. «La Moselle est une terre de champions», «le niveau progresse» et «les places qui ouvrent accès aux niveaux supérieurs de la compétition sont de plus en plus chères». Les résultats de 2024 (voir encadré) sont là pour en attester, seulement quelques petits points séparent les finalistes.

Les attelages engagés témoignent également du haut niveau de préparation. La Kverneland est reine et chacune de ces machines révèle les détails d’une large palette de modifications destinées à aller chercher les derniers points qui départageront les candidats.

Le magnifique site de la manifestation réservait une parcelle de compétition «relativement bonne». La petite réserve des commentateurs trouve son explication dans la présence de cailloux. L’horizon travaillé par les compétiteurs est argileux. Mais «il faudra travailler un sol peu profond de seulement 25 à 60 centimètres au-dessus d’une dalle calcaire». Cette caractéristique vaudra à quelques candidats de «tomber sur un os».

À plat

Ils étaient dix laboureurs dans la catégorie des labours à plat cette année. La liste des engagés annonce une rude compétition et dès que les socs ont fendu la terre, on se bouscule pour évaluer la raie d’ouverture qui pèsera beaucoup dans le résultat final. Les réalisations confirment rapidement la réputation des candidats et les pronostics se vérifieront lors de la proclamation des résultats.

La plus haute marche revient cette année à Victor Duchaux des Ja de Rémilly, qui totalise 82 points. Il confirme donc son titre de champion départemental acquis l’année dernière à Charly-Oradour avec un Fendt 411 et une charrue Kverneland ES 85.

Mieux préparé que l’année dernière -il avait alors décliné le défi régional- Victor se prépare maintenant pour croiser le fer le 1er septembre à Woellenheim. «Je prépare le régional avec l’objectif de monter au national», déclare Victor avec détermination. Pour atteindre son but, il «part cette semaine pour s’entraîner en Alsace chez un copain qui me met à disposition une parcelle similaire aux parcelles de compétition». Les observateurs avisés ont remarqué la présence du Mosellan Rémi Duval aux côtés de Victor dimanche dernier. Un coach champion de France s’avère aussi un atout maître.

Jérémy Risse, sous la bannière des Ja de Grostenquin, se place second avec 78,125 points. Après une place de quatrième l’année dernière, Jérémy revient au plus haut niveau de cette catégorie. Mais nous avons affaire à de la graine de champion pour ce laboureur mosellan qui a déjà exprimé son potentiel au national à deux reprises dans la catégorie en planche. Son John Deere 2040 monté en roues étroites est bien connu du plateau de compétition. Mais l’attelage de cette année est «une nouvelle Kverneland de 2019. Une opportunité saisie à l’occasion d’une exposition. Le concessionnaire souhaitait mettre en avant un modèle plus récent et nous sommes tombés d’accord sur le prix», rapporte Jérémy. Il avoue cependant ne pas avoir acquis «tous les automatismes longuement travaillés sur ma précédente charrue».

Quant à la parcelle de Boulay, Jérémy avoue son appréhension devant «l’abondance de cailloux». Il rapporte avoir apprécié «la pluie de la veille, déterminante sur l’aspect final du labour dans une terre de colza souvent trop sèche».

Pour préparer le régional, ce laboureur qui à déjà tâté de la terre alsacienne en concours, s’est fixé un objectif «d’une heure d’entraînement tous les jours pour mémoriser des automatismes, intégrer des réflexes». «Je sais là où je peux corriger des détails». Encore indécis le lendemain du départemental, Jérémy affiche une véritable détermination pour une place au national de Mamirolle le 8 septembre. Lui aussi peut compter sur un coach expérimenté. Son papa Christian a été champion de France dans la même catégorie en 1987.

En troisième position, on retrouve Kevin Muller des Ja d’Albestroff avec 76,5 points. Il est, lui aussi familier des podiums. On se rappelle sa belle performance l’année dernière à Charly-Oradour où il terminait second.

En planche

Dans cette catégorie, ils sont quatorze à briguer les deux premières places qui ouvriront la porte d’une participation au régional. Et ces précieux sésames se sont joués dans un mouchoir de poche. Seuls quatre dixièmes séparent les deux premiers.

Sur la plus haute marche, Cédric Delles. Une progression remarquée avec deux secondes places en 2023 à Charly-Oradour et en 2022 à Morhange, après une troisième place en 2021 à Basse-Ham.

Cédric accède donc à la première place sous les couleurs du canton de Grostenquin avec 81,8 points. Mais les archives révèlent que nous avons affaire au retour d’un expert, qui se frottait déjà au plus haut niveau il y a dix ans. En 2014, Cédric a participé au national en planche avec à la clé, une honorable place de neuvième.

Cet adepte de «la simplicité» présente un attelage John Deere 5090R de 2009 avec une charrue Kverneland «très peu modifiée» où la grande majorité des réglages se font «à la main».

Pour la prochaine étape, Cédric travaille sa technique «tous les soirs de la semaine mais en Moselle». Il a déjà sillonné la terre alsacienne à deux reprises en régional. Il lui arrive encore «d’appeler Christian ou Jérémy Risse pour régler des détails» où il pense pouvoir s’améliorer. L’objectif pour lui aussi sera une place en finale nationale.

Jonathan Zerger (Grostenquin), en cédant seulement quatre petits dixièmes à Jérémy, totalise 81,4 points. Une belle progression depuis sa cinquième place l’année dernière. Un entraînement plus copieux et une parcelle de concours plus à sa main seraient les ingrédients de cette réussite. Jonathan s’est engagé avec un tracteur New Holland T5070 et une Charrue Kverneland préparée spécialement en 2015 avec une première présentation en concours en 2017. Sans «vouloir vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué», il vise une seconde place en Alsace pour «monter au national». S’ajoute à sa propre expérience forgée en Moselle, il rapporte avoir bénéficié de «quelques conseils pris auprès de Christian Risse et Rémi Duval».

En troisième position pour cette catégorie, Pierre Antoine (Albestroff) affiche un score de 75,2 points. Petite déception pour cet habitué des podiums. Il avait décroché une très belle première place en 2023.