De un, de deux et de trois. Les réalisations s’enchaînent chez ce polyculteur-éleveur de Moselle. À chaque étape du développement de l’exploitation, Bertrand Cézard propose des solutions d’amélioration, au service de l’efficacité de son travail et de la qualité de l’environnement des animaux, mais aussi de l’éleveur.
Bertrand Cézard est polyculteur-éleveur dans la commune rurale de Viviers, en Moselle. Commune du Saulnois dont il est maire depuis 2014. À 51 ans, il valorise une exploitation agricole de 300 ha. Blé, orge et colza dominent un assolement que complètent 25 ha de tournesol et 8 ha de maïs. 25 ha d’herbe sont dédiés à un troupeau de 35 vaches Charolaises.
Fin des années 2010, se pose la question «de passer le temps de travail de mon salarié d’un mi-temps à un temps plein». Cette réflexion sur l’organisation du travail de l’exploitation induit celle de l’opportunité d’un nouvel atelier de production.
Parmi les pistes prospectées par Bertrand, celle portée par la toute jeune filière volailles de chair Label Rouge en Moselle va retenir sa préférence. «Plusieurs agriculteurs dans les environs se sont engagés et leurs retours d’expérience sont positifs».
Du côté de la Chambre d’agriculture, les chiffres communiqués permettent de s’engager avec des repères économiques.
L’investissement dans un poulailler de 450 m2, adapté au cahier des charges Label Rouge est de l’ordre de 140.000 €. Il est subventionné par le Conseil départemental de la Moselle et la Région Grand Est. En moyenne, pour la petite dizaine de projets déjà concrétisés, l’accompagnement des collectivités avoisine les 35 %.
L’organisme consulaire communique également sur l’organisation du travail. Au quotidien, moins d’une heure de travail par poulailler est nécessaire. L’essentiel faisant appel aux qualités d’éleveur. «De l’observation, de la surveillance, vérifier que tout se passe bien», précise Bertrand. Les pointes de travaux correspondent à une journée de travail pour la préparation du poulailler et la réception des poussins en début de cycle. Puis, en fin de cycle, environ deux journées sont nécessaires pour le ramassage des volailles et le nettoyage du poulailler, avant la période incontournable de vide sanitaire. En moyenne, 200 heures par an sont consacrées à chaque bâtiment.
Un premier bâtiment
L’implantation du projet va poser un problème. L’adduction d’eau sera refusée pour la solution envisagée initialement. Une alternative, «finalement plus proche et plus fonctionnelle au quotidien» sera retenue. Bertrand avoue être déterminé sur «des choix esthétiques et d’intégration paysagère pour cette réalisation» ; il témoigne, «chaque matin, par la fenêtre de la cuisine, la vue donne sur mes bâtiments, je n’avais pas envie d’avoir un truc moche sous les yeux».
En 2020, une première demande de permis est déposée. La construction sera finalisée en 2021 après un parcours du combattant, où les relations avec les Bâtiments de France obligent à une farouche détermination. Orientation des bâtiments, structures des façades, couleurs des matériaux, chaque point doit être négocié pour concilier les exigences de l’institution avec le nécessaire équilibre économique du projet.
Les contraintes du cahier des charges de la production sous label s’imposent. Par exemple, l’accès aux parcours extérieurs est incontournable. Et la sortie des animaux est orientée au sud. «J’ai bien failli abandonner le projet, tellement les démarches ont été difficiles», se souvient l’agriculteur. Mais l’opiniâtreté va finir par payer.
Bertrand sollicite le constructeur Mef qui propose un bâtiment en structure métallique dédié à la production de volailles sous label. Le toit accueillera des panneaux photovoltaïques pour une puissance de 36 Kwc, «une solution qui améliore la rentabilité du projet sans contraintes techniques et administratives», précise Bertrand.
Des améliorations
Dès 2022, l’expérience acquise motive l’éleveur dans le dépôt d’un second permis de construire. L’environnement technique apporté par le groupement d’éleveurs alsaciens, Alsace Volaille, qui structure la filière volailles alsacienne depuis plus de trente ans, et le fournisseur d’aliments Lorial, rassure. Les abattoirs Siebert qui reprennent, sous contrat, l’ensemble de la production, garantissent les débouchés de cette nouvelle filière mosellane.
L’éleveur entreprend donc ce second projet avec plus de sérénité. Il s’investira, comme pour le premier, dans les corps de métier où l’autoconstruction a sa place, particulièrement dans les chemins d’accès et les réseaux. La construction s’achève en 2023. Un nouveau constructeur a été sollicité. Bfc Construction, du département de la Côte-d’Or, propose également un bâtiment en structure métallique dédié à la production de volailles sous label. Il s’avère mieux placé financièrement, et contrairement à Mef, il propose le même équipement informatique de suivi technique (chauffage, ventilation, suivi des animaux). Mais l’éleveur apporte déjà, sur la base du retour d’expérience du premier essai, des améliorations.
Les pannes de la toiture, visibles dans la première réalisation, seront masquées cette fois. «Le nettoyage avant la période de vide sanitaire est beaucoup plus simple et efficace», constate Bertrand. Une autre évolution demandée par l’éleveur concerne le confort des animaux. «Les fenêtres sont équipées de panneaux qui adoucissent l’entrée de la lumière naturelle», explique Bertrand. «Nous maîtrisons mieux l’éclairage et les animaux profitent d’une meilleure ambiance lorsqu’ils sont à l’intérieur du bâtiment». La toiture accueillera, comme pour le premier projet, une unité de production photovoltaïque de 36 Kwc.
Pour les deux bâtiments, des parcours extérieurs attenants ont été arborés avec des essences fruitières. Chacun, d’une surface d’un hectare, est clôturé.
Et de trois
Les projets de construction s’enchaînent à Viviers. Un troisième bâtiment est sorti de terre aujourd’hui. Il doit permettre d’extraire du village des installation de stockage de fourrage et de céréales. D’une surface de 840 m2, il est implanté dans la continuité des deux élevages de volailles Label. L’intérieur accueille quatre cellules de stockage de grain et un espace dédié aux fourrages.
Cette dernière réalisation, toujours dans la logique d’une meilleure rentabilité de l’investissement, est dotée d’une installation de production photovoltaïque de 200 Kwc.