Pour limiter les risques liés à la multiplication des aléas climatiques, Arvalis recommande d’utiliser un bouquet variétal sur son exploitation. C’est-à-dire, de choisir plusieurs variétés de précocités différentes, à répartir sur l’ensemble de sa sole, afin de ne pas « mettre tous ses œufs dans le même panier ».
« C’est une adaptation au changement climatique facile à mettre en place à très court terme », insiste Benjamin Collin, ingénieur régional grandes cultures pour l’institut du végétal. Pour étayer ces conseils, des simulations ont été menées sur les pertes de rendements liées aux jours échaudants. A noter qu’il est admis qu’un jour échaudant représente une perte de rendement d’environ 1,5 q/ha. Trois variétés ont été étudiées : Filon, Rubisko et Kws Dakotana.
« En moyenne, la précocité à épiaison de Filon lui permet d’éviter un jour échaudant de plus que Kws Dakotana, une variété à épiaison tardive. Sur la période 2030 – 2059, Filon perd donc 1,5 q/ha de moins que Dakotana. Toutefois, il ne s’agit que d’une moyenne. Quand on regarde les projections de 2043 à 2048, on s’aperçoit que la variété perdant le plus de rendement n’est pas la même chaque année. Et souvent, dans une même année, l’écart de perte de rendement entre variétés est bien supérieur à 1,5 q/ha. La variabilité étant le maitre mot du changement climatique, il vaut mieux diversifier les variétés dans l’assolement, pour éviter une trop grande perte sur un an », détaille Benjamin Collin.
Ainsi, l’institut technique travaille à identifier les meilleurs bouquets variétaux selon l’environnement, afin d’assurer une stabilité au fil des années, malgré les aléas.
13 % des blés du Grand-Est sont semés en mélange
Une autre technique, déjà répandue puisqu’elle représente 13 % des surfaces en blé en région Grand-Est, est de mélanger plusieurs variétés sur une même parcelle, quand le bouquet variétal consiste à semer plusieurs variétés à l’échelle de l’exploitation. Des essais ont déjà pu montrer « un effet neutre des mélanges vis-à-vis des maladies foliaires et une stabilité des rendements, la moyenne des variétés en pures étant équivalente à la moyenne du mélange », selon Arvalis.
L’institut technique s’intéresse désormais à une autre problématique : dans une parcelle hétérogène vis-à-vis de la réserve utile, un mélange peut-il limiter l’impact de l’hétérogénéité parcellaire sur le rendement, grâce à des phénomènes de compensation variétale ? « Il s’agirait de vérifier si une variété A, productive en bonnes terres, prendrait le dessus sur les autres dans les zones productives de la parcelle, quand une variété B, meilleure que les autres en petites terres compenserait la perte de rendement dans les zones peu productives », explique Benjamin Collin.
Un essai a été mené sur la campagne 2020 – 2021 à Saint-Hilaire en Woëvre. La réserve utile en eau du sol a été caractérisée sur une parcelle de vingt hectares. Des zones avec différentes réserves utiles ont été établies et des essais croisant quatre modalités, trois variétés en pures et les trois même en mélange, sur chacune des zones ont été mis en place. Toutefois, « l’année 2021 étant humide, le stress hydrique sur la parcelle n’a pas été suffisant pour montrer une hétérogénéité parcellaire du rendement liée à la réserve en eau du sol. Les essais seront renouvelés », indique Benjamin Collin.