Épargné depuis le triste épisode de 2019, le Pays de Sarrebourg découvre un nouvel épisode de prédation dont les indices peuvent être attribués au loup.
Plusieurs témoignages concordent, il s’est passé «quelque chose d’anormal dans la nuit du 9 au 10 mai» à proximité de la commune de Richeval. La nature des aboiements des chiens ont bien inquiété leurs propriétaires. Puis le calme est revenu. Mais pour Laurent Jacquot, éleveur dans ce village du Pays de Sarrebourg, limitrophe de la Meurthe-et-Moselle, les choses vont s’avérer bien plus graves qu’un simple trouble de voisinage.
La visite de son troupeau mis à l’herbe quelques jours plus tôt va le conduire à une macabre découverte.
Une génisse
Dans un fossé qui borde la parcelle où le troupeau séjournait, l’éleveur retrouve le cadavre d’une génisse. L’animal est pris au piège des barbelés qui séparaient le parc d’un fossé. Son encolure présente les traces évidentes d’une prédation par un carnivore à l’appétit plutôt féroce. L’éleveur a prévenu rapidement les services de l’État. C’est la Direction Départementale des Territoires qui diligentera un agent sur le site de l’attaque.
Pour Laurent Jacquot, les premiers indices rappellent de très mauvais souvenirs. À la fin de l’été 2019, l’exploitation avait été, comme huit autres de cette même petite région, victime du loup. Les attaques, dont la responsabilité a été attribuée au loup, n’avaient, comme pour d’autres épisodes, concerné que des ovins.
Mais cette fois, la victime de la prédation affiche 350 kg sur la balance. Le gabarit de l’animal dépasse de loin celui d’une brebis ou d’un agneau. Il se trouve que dans le cadre du suivi sanitaire de son troupeau, l’éleveur avait pesé ses animaux quelques jours auparavant. Pas de doute sur le poids de l’animal.
Un scénario probable rend crédible l’attaque du loup. Pour Laurent, «le loup ou les loups ont affolé le troupeau. En prenant la fuite, stressés par la présence du prédateur, les bovins se sont précipités dans la clôture du parc». Une d’entre elles ne parviendra pas à se défaire des barbelés et s’extraire du fossé où elle s’est précipitée. «Le prélèvement sur l’animal au niveau de l’encolure représente environ 20 kg de viande», précise l’éleveur. Une évaluation confirmée par l’agent des services de l’État.
La crainte d’une récidive
Désormais, la crainte d’une nouvelle attaque obnubile l’éleveur. «J’aurais aimé savoir avec certitude si nous avons affaire à une attaque de loup», avoue Laurent. En effet, la protection de ces animaux ne s’envisage pas de la même façon si l’attaque implique des grands chiens errants ou des loups installés sur le territoire. Mais dans son for intérieur, pas de doute possible. Le comportement de son troupeau depuis l’attaque, la quantité de prélèvement sur sa génisse et le témoignage de chasseurs sur le massif forestier tout proche, accréditent la thèse d’une prédation par le loup. Une photo prise quelques jours après l’attaque montrerait une louve accompagnée de deux louveteaux dans le massif forestier du Donon. Laurent regrette cependant que «les prélèvements d’Adn n’ont pas été faits», «ne serait-ce que pour identifier la filiation du loup responsable». Une filiation permettant de savoir si nous avons affaire à une origine polonaise dont les individus seraient plus puissants que ceux venus des Dolomites italiennes.
Tout récemment contacté par la Direction Départementale des Territoires, Laurent Jacquot a été informé d’une procédure d’indemnisation du préjudice. Mais pour Laurent Jacquot «le retour du loup en Moselle restera un réel handicap pour l’élevage de façon générale, ovins comme bovins ne peuvent cohabiter paisiblement avec ce prédateur».