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Tribune : Désert vétérinaire, les éleveurs désœuvrés

La perspective de déserts vétérinaires inquiète les éleveurs. Photo DR
La perspective de déserts vétérinaires inquiète les éleveurs. Photo DR

Notre métier d’éleveur ressemble à celui d’équilibriste : entre avalanche réglementaire et explosion des charges, point de marge sans une incessante remise en question, et une meilleure technicité. Et pas d’amélioration technique sans conseils avisés, notamment de son vétérinaire, qui est un des personnages clefs dans notre entourage.

Depuis toujours, ces professionnels dévoués ont notre confiance. Or, la disponibilité des praticiens est aujourd’hui source d’inquiétudes. En effet, depuis des décennies, on n’en a peut-être pas assez formé. Et il y a certainement des territoires moins attractifs que d’autres. Une première explication. Tous les prétendants à cet exercice ne sont pas des ruraux, loin s’en faut. Travailler en campagne, alors qu’on a toujours connu que la ville, n’est sans doute pas une évidence. Seconde explication. La profession s’est féminisée, les praticiennes assurant leurs missions avec succès. Mais dans les écoles vétérinaires, on remarque de plus en plus d’élèves qui ne veulent plus manger de viande, et qui sont même parfois hostiles à l’exploitation des animaux de rente… Ils sont les vétérinaires de demain, et cette nouvelle mentalité ne peut pas être ignorée.

L’abandon de «la rurale»

Autre fait nouveau chez certains praticiens, la disparition de la déontologie, sans complexe aucun : le commerce prend alors le pas sur l’engagement et le dévouement, et c’est l’abandon de «la rurale» dans le cabinet. Avec une médecine bien moins risquée et contraignante qu’avec des animaux de ferme. Troisième explication. Les chiffres se passent de commentaires : En France, un foyer sur deux possède un animal de compagnie. Les  soins, la nourriture, les vêtements et accessoires, les  divertissements de ces animaux représenteraient un marché de 5,25 milliards d’euros, en hausse de 2,5 % par an. Aux États-Unis, où l’on a bien compris le potentiel de ce marché qui a crû de 21 % en trois ans, des financiers avertis investissent des sommes colossales dans ce juteux commerce, avec des répercussions jusqu’en France : des cabinets vétérinaires sont rachetés par de grands groupes, et seules persistent les activités les plus rentables. C’est alors l’arrêt de la rurale. Les éleveurs se retrouvent rapidement sans praticien, non sans avoir préalablement reçu un courrier d’information aux prétextes douteux.

Vous manifester

Vraisemblablement, les pouvoirs publics ne peuvent nullement contraindre un vétérinaire, qui reste libre de ses choix. La Fdsea de la Moselle considère que notre département est attractif, et qu’il doit sa maîtrise territoriale et son dynamisme économique notamment à ses agriculteurs, pour qui l’élevage est une force certaine. Tout doit être mis en œuvre pour garantir sa pérennité. Alors que nous avons été sollicités par de nombreux agriculteurs pour trouver des solutions au phénomène de «désert vétérinaire», nous vous proposons de répondre à notre enquête via le bulletin réponse ci-dessous. Vous pouvez ainsi vous manifester si vous êtes sans praticien. Nous espérons bien sûr que ces situations soient exceptionnelles, et que le service pourra être assuré par d’autres cabinets. Il est évident que si le phénomène se développait, et si certains territoires se trouvaient dans une réelle impasse, il faudrait sans doute envisager l’embauche de vétérinaires, même des étrangers, en nous constituant en groupement d’employeurs. Et assurer l’achat-revente des produits vétérinaires via une structure coopérative par exemple. Une solution d’avenir ? En tout cas une possibilité, et un modèle économique qui reste à étudier.

 

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