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Construction d’une offre locale de produits laitiers transformés

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«Rien ne peut se faire sans les industriels», confirme Jean-Luc Jacobi. Photo ACTUAGRI
«Rien ne peut se faire sans les industriels», confirme Jean-Luc Jacobi. Photo ACTUAGRI

Le classement en Réserve de Biosphère de la “Moselle Sud” suscite des initiatives. Pour l’agriculture, une nouvelle association de producteurs de lait fédère autour d’un projet de valorisation de la production laitière. La Fdsea travaille avec la coopérative Unicoolait afin de rebondir sur cette initiative pour répondre à la demande de la Restauration hors domicile (Rhd).

La défense du revenu des agriculteurs anime sans relâche le quotidien du syndicalisme majoritaire. Et pour Fabrice Couturier, responsable du dossier “syndicalisme économique” à la Frsea Grand Est, «tout le travail accompli sur la construction du prix en marche avant et sa traduction dans les textes de la loi Egalim, doit être concrétisé dans les filières».

La Fdsea à la manœuvre

Plusieurs dossiers sont actuellement sur le feu, plus particulièrement avec la restauration hors domicile. Aussi, l’initiative des producteurs de lait de “Moselle Sud” s’avère pour Fabrice Couturier «une piste de travail concrète, déjà bien réfléchie en partenariat avec la coopérative Unicoolait, et en capacité de répondre aux attentes exprimées par les gestionnaires de la Rhd».

Le projet de Réserve de Biosphère, porté par le Pôle d’Équilibre Territorial et Rural du Pays de Sarrebourg, en partenariat avec le Parc naturel régional de Lorraine, les communautés de communes de Sarrebourg, du Saulnois et de Phalsbourg, a été reconnu par l’Unesco, le 15 septembre dernier. Un très long processus où les forces vives de l’ensemble du territoire ont été mobilisées.

Un long processus

Pour le périmètre concerné, 139.257 ha, les paysages agricoles sont les témoins de la forte participation de ce secteur de l’économie aux potentiels révélés par la démarche de l’Unesco. «L’activité agricole est une composante essentielle pour la très grande majorité des 138 communes couvertes par la labélisation de l’Unesco», confirme Laurent Jacquot, producteur de lait à Richeval. Mais l’élu agricole se souvient qu’il a fallu «jouer des coudes pour faire entendre la voix de notre profession», lors de la présentation du projet en 2016.

Une association dédiée

Les agriculteurs se sont d’ailleurs montrés prudents dans un premier temps. «Nous ne voulions pas supporter des contraintes supplémentaires», se souvient Laurent Jacquot. Garant du bon sens paysans, il affirme encore aujourd’hui, «les paysages reconnus par le classement en Réserve de Biosphère, en dehors de la forêt, pour 50.000 ha, et des pôles urbains, sont façonnés par l’activité agricole».

Au-delà de la crainte d’une «cascade d’obligations nouvelles», Laurent Jacquot, entouré de plusieurs producteurs de lait, entrevoit pourtant «l’opportunité d’une meilleure valorisation de la production laitière issue de la zone biosphère “Moselle Sud”». L’ambition est fort louable, mais le challenge se révélera des plus corsés. Pour participer à relever une partie du défi, une association de producteurs de lait fédère maintenant autour du projet. Elle a élu domicile dans les locaux de la coopérative Unicoolait. Laurent Jacquot en assume la présidence. Une étude de marché permettra rapidement d’évaluer les attentes réelles des consommateurs. Une étape facilitée par l’accès aux financements du Plan de relance. Une manne qui permet de recruter un développeur.

Aujourd’hui, les planètes s’alignent. Un tour de piste des collecteurs de lait opérant sur le périmètre de la Réserve de Biosphère a permis de n’exclure personne. «La coopérative Unicoolait s’engage fortement dans l’aventure», une caution que Laurent Jacquot salue. Cependant, tout reste à faire, et ce, même si le contexte apparaît plutôt favorable à l’émergence d’une filière de valorisation locale de la production laitière.

L’expertise d’Unicoolait

«Aujourd’hui, la sensibilité du consommateur s’est nettement accrue pour l’offre de produits locaux», reconnaît Jean-Luc Jacobi, le président de la coopérative Unicoolait. Il témoigne cependant de la difficulté à organiser une filière valorisant des produits laitiers en circuits courts. «Nous souhaitons répondre à la sollicitation des producteurs en évitant de faire un “One Shot“», prévient-il, «il faut structurer une filière ne serait-ce que pour des questions de qualité, d’hygiène, pour apporter la traçabilité attendue par les consommateurs».

Le président de la coopérative affirme qu’«il sera possible de déterminer pour chaque produit proposé aux consommateurs, le camion de collecte en charge du ramassage dans chaque cours de ferme, cela pour tous les producteurs de la Réserve de Biosphère».

Dans ce projet dont la vocation est de mieux rémunérer la production laitière locale, Unicoolait met son expertise au service des éleveurs. «Rien ne peut se faire sans les industriels, et nous apportons notre connaissance de ces acteurs incontournables au service des éleveurs», confirme Jean-Luc Jacobi. Il y voit «la continuité d’un objectif pour lequel Unicoolait est déjà dans le peloton de tête», «la meilleure rémunération des producteurs».

Sur le département, dans le même temps, la demande de la restauration hors domicile se structure. L’exemple de l’aboutissement de la baguette Mosl dans les collèges a de quoi motiver d’autres initiatives. Même si l’organisation d’une offre pour ce débouché s’avère beaucoup plus complexe pour les produits laitiers ou carnés, le président du département -il maîtrise la restauration des collèges- a, de longue date, exprimé sa volonté d’aboutir. La Région semble lui emboîter le pas.

Le cap que se sont fixés les différents acteurs de ce projet de valorisation de la production laitière doit déboucher sur les premières livraisons début 2023.