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Mettre en place des solutions d’accès à l’eau

En attendant la pluie, les départements les plus touchés mettent en place des mesures de restriction destinéee à préserver la ressource en eau. Photo Actuagri
En attendant la pluie, les départements les plus touchés mettent en place des mesures de restriction destinéee à préserver la ressource en eau. Photo Actuagri

À ce stade, nous ne pouvons pas parler de catastrophe. Mais tous les signes d’une sécheresse record sont là. Chaque jour sans pluie qui passe, amplifie le spectre d’un impact sur les rendements.

Depuis le début du phénomène exceptionnel de sécheresse qui frappe la France, la profession s’inquiète du risque d’impact sur le rendement des productions agricoles.

Aucune région n’est épargnée, mais à la mi-mai, une petite vingtaine de départements étaient déjà soumis à des restrictions d’eau, avec des réductions des prélèvements à des fins agricoles dans l’Ouest et le Sud-Est. D’autres ont déclenché le “seuil d’alerte” avec des restrictions moins sévères.

«20 à 40 litres»

En Moselle, la situation n’est pas encore catastrophique. «Le potentiel des cultures d’hiver est encore là», constate un céréalier du Saulnois, mais il s’impatiente, «il nous faut rapidement 20 à 40 litres pour sauver les céréales d’hiver et le colza». Quant aux cultures de printemps, «le manque d’eau qui se dessine pourrait être fatal pour les tournesols, les maïs et les pois». La relative réussite des semis précoces pourrait subir un revers.

Du côté des éleveurs, après les premières coupes «plutôt bonnes», «la repousse dépend de l’eau qui voudra bien tomber», avoue fataliste un laitier affairé à couvrir son ensilage. Le potentiel des foins ne devarit pas décevoir. Pour les regains, même diagnostic, «l’eau doit tomber». Et c’est bien là, le nœud du problème.

Sept mois consécutifs

Nous totalisons aujourd’hui, sept mois consécutifs de déficit pluviométrique. En témoigne le dernier bulletin de suivi des étiages publié par la Dreal. Dans son numéro daté du 17 mai, il rapporte concernant les eaux souterraines, «des niveaux inférieurs à ceux habituellement observés à la mi-mai». La Dreal décrit une situation hydrologique, pour les bassins Meuse-Moselle, où «les écoulements affichent une baisse généralisée, plus marquée, pour l’instant, sur le bassin de la Moselle». Cette situation est influencée par le déficit pluviométrique important observé durant la première quinzaine de mai, allié à une forte activité végétative et à des températures estivales. Les débits sont néanmoins supérieurs aux seuils de qualification d’étiage.

Dans ce même bulletin de suivi d’étiage pour la région du Grand Est, la Dreal s’intéresse aux niveaux de remplissage des retenues destinées à l’alimentation en eau potable. Rien d’alarmant de ce côté puisque le stock est évalué à hauteur de 98,5 %.

Concernant les retenues des bassins hydrographiques de la Seine, de la Meuse, de la Moselle, du Rhin et de la Saône amont, destinées au soutien d’étiage, les réservoirs des grands lacs de Seine présentent des niveaux de remplissage compris entre 88 % et 94 %. Des niveaux conformes aux objectifs.

Un meilleur accès à l’eau

On l’a dit, à ce stade, nous ne pouvons pas parler de catastrophe. Mais tous les signes d’une sécheresse record sont là. Chaque jour sans pluie qui passe, amplifie le spectre de sols craquelés et de rendements en berne. Pour Météo-France, cet «épisode de chaleur» est «remarquable par sa précocité, sa durabilité et son étendue géographique». Et la tendance des prévisions, «plus sec» et «plus chaud» que la normale, n’ont rien de rassurant. Les seuls à tirer leur épingle du jeu ont profité des orages épars.

Interrogés par les médias, Christiane Lambert, présidente de la Fnsea, Luc Smessaert vice-président et Joël Limouzin membre du bureau en charge de la gestion des risques ont appelé à «la mise en place de solutions permettant un meilleur accès à l’eau avec la possibilité de stocker la ressource en période de hautes eaux».

«Souveraineté»

Le syndicalisme majoritaire dénonce «la gestion catastrophique de l’eau depuis plus de quinze ans. Nous stockons seulement 1,5 % de l’eau qui tombe à l’automne et au début de l’hiver alors qu’en Espagne, ils sont à 17 ou 18 %». «Si nous ne pouvons plus produire en France, il y en a d’autres qui le feront pour nous [...] avec des hausses de prix et des pénuries à la clé» a averti Luc Smessaert.

Christiane Lambert et Joël Limouzin ont insisté sur «la nécessité d’être souverain en eau pour l’être au niveau alimentaire». Après avoir plaidé pour une accélération de la création de réserve de substitution, les élus s’évertuent à expliquer au grand public les nouvelles méthodes de travail des agriculteurs basées sur des techniques d’arrosage moins gourmandes en eau et assurent la promotion des «expérimentations dans le domaine de la génétique qui permettent notamment de créer des variétés plus résistantes à la sécheresse».