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Les céréales et leur santé

« Il est nécessaire d’alterner les substances actives, pour limiter les résistances », indique Pascaline Pierson, ingénieure régionale pour Arvalis. Photo : A.Legendre
« Il est nécessaire d’alterner les substances actives, pour limiter les résistances », indique Pascaline Pierson, ingénieure régionale pour Arvalis. Photo : A.Legendre

Pour le retour de la réunion technique bilan, qui avait pour thème principal la santé des végétaux, Arvalis-Institut du Végétal a accueilli plus d'une centaine de personnes, le 1er décembre dernier, à Sampigny (55).

« En 2023, il n’y aura pas de changements dans les produits utilisables sur les céréales. En revanche, il subsiste des interrogations pour l’année 2024 », explique Pascaline Pierson, ingénieure régionale chez Arvalis. De nouveaux produits sont également en attente de décision, et l’ingénieure espère que les agriculteurs pourront utiliser l’un d’entre eux, l’Adepydin TM, de Syngenta, qui contient de la pydiflumetofen, en 2024. « C’est un produit sur lequel nous travaillons depuis 2018, et qui montre des résultats prometteurs », indique-t-elle.

Des maladies plus résistantes

Et si les ingénieurs d’Arvalis espèrent tant des nouvelles molécules, c’est que les maladies deviennent plus résistantes. « Dans la lutte contre l’helmintosporiose de l’orge, la messe est dite pour les strobilurines, et on observe également de nombreuses résistances aux SDHI », commente Pascaline Pierson. En blé, les souches du champignon vecteur de la septoriose présentant de fortes résistantes, soit à la triazole, soit à la carboxamide, soit à plusieurs types de molécules, progressent. « Pour l’instant, nous n’observons pas de baisses d’efficacité des produits au champ, ajoute Pascaline Pierson. En revanche, cela pourrait devenir un problème à l’avenir. Ainsi, il est nécessaire d’alterner les substances actives ».

Pour ce faire, on peut envisager, pour le premier traitement, de s’appuyer sur deux nouveaux produits de biocontrôle. Pygmalion (du phosphate de potassium) et Velours (du soufre) ont récemment reçu une autorisation de mise en marché (AMM). Les deux produits sont commercialisés par De Sangosse. « Associés, ces deux produits donnent de bons résultats en premier traitement (T1) sur septoriose, lorsqu’un T1 est nécessaire », explique Pascaline Pierson. Toutefois, utilisés seuls pour le traitement de la septoriose, il faudra envisager quatre passages, et encore, seulement en cas de pression faible.

D’ailleurs, l’ingénieure rappelle qu’il est souvent possible de faire l’impasse sur le T1, « le traitement unique devient la norme », estime-t-elle. 

Pas d’effets significatifs des biostimulants 

Autre sujet d’actualité, pour booster la santé des plantes, les biostimulants. Ces substances se sont dotées en 2022 d’une nouvelle définition : « un biostimulant des végétaux est produit qui stimule les processus de nutrition des végétaux indépendamment des éléments nutritifs qu’il contient, dans le seul but d’améliorer une ou plusieurs des caractéristiques suivantes des végétaux ou de leur rhizosphère : l’efficacité d’utilisation des éléments nutritifs, la tolérance au stress abiotique, les caractéristiques qualitatives, la disponibilité des éléments nutritifs confinés dans le sol ou la rhizosphère ». Ainsi, comme ils ne sont ni des fertilisants ni des produits de biocontrôles, leurs modalités d’application et leurs bienfaits sont parfois complexes à mettre en œuvre et à évaluer.