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CETA FRUITS : La Moselle manque de production

Le retrait de certaines molécules laisse des impasses techniques dans la protection des vergers. Photo DR
Le retrait de certaines molécules laisse des impasses techniques dans la protection des vergers. Photo DR

Il n’y a pas de problème de débouchés pour le verger mosellan. La filière s’inquiète cependant de la perte de potentiel de production.

Les membres du Ceta Fruits de Moselle se sont retrouvés le 14 avril pour les travaux de leur assemblée générale annuelle. C’est Hervé Auburtin, producteur de mirabelles, qui a accueilli les arboriculteurs sur son exploitation.

Des neuf producteurs de fruits mosellans adhérents du Ceta, huit étaient présents dans un contexte que le président qualifiait de «difficile». Au tableau du bilan de l’année écoulée, «les faits marquants sont dominés par le phénomène de sécheresse et la forte mortalité conséquente pour les arbres fruitiers». Florent Dory rapporte que «le bilan ne peut encore être établi définitivement puisque le constat n’est possible qu’avec le démarrage des arbres». Il se dit cependant inquiet de «l’accumulation des épisodes de sécheresse et de canicules», l’arboriculteur rappelle que «2019 et 2020 avaient eu des conséquences similaires», et certifie que «la succession des phénomènes aggrave leur impact». Dans ces circonstances, le débat sur l’opportunité ou l’obligation d’envisager l’irrigation des vergers s’est imposé dans les échanges. «Aujourd’hui, personne n’irrigue les vergers en Moselle», témoigne Florent Dory, mais la sécurisation de l’approvisionnement des marchés obligera probablement à y avoir recours. Une limite s’impose cependant, «en appellation Mirabelles de Lorraine, le cahier des charges n’autorise pas l’irrigation».

L’année 2022 a aussi été la première campagne où les prunes et les pommes ont subi l’attaque de trois générations de carpocapses. «Sa chenille présente dans les fruits entraîne une chute prématurée des fruits et peut détruire des récoltes entières», explique le président de Ceta Fruits de Moselle.

Un potentiel en baisse

Margot Champagne, de la Fredon Grand Est, présentait le point sanitaire de l’année écoulée. En Moselle, nous sommes habituellement sur deux générations de carpocapses. Mais le réchauffement climatique, et les nuits plus chaudes, favorisent la reproduction de l’adulte métamorphosé en papillon. Les moyens de biocontrôle, et particulièrement les pièges à phéromones utilisés comme moyen de confusion sexuelle, ne suffisent plus. S’y ajoute le retrait de certaines molécules laissant des impasses techniques dans la protection des vergers. Florent Dory cite un autre exemple plus médiatisé celui-là, «avec le retrait du diméthoate, solution de lutte contre un ravageur des cerises, la mouche asiatique drosophila suzukii, la production de cerises disparaît de nos vergers». Et pour le carpocapse, «le nombre de molécules se restreint, avec comme conséquence peu d’alternatives», déplore l’arboriculteur.

Après le bilan de la campagne 2022, les adhérents du Ceta fruits de Moselle ont brossé les perspectives professionnelles. Sans surprise, et comme pour une très grande majorité des productions agricoles, se pose la question des moyens de dynamiser le renouvellement des générations. Le constat sévère où «en dix ans, trois exploitations n’ont pas trouvé de jeunes intéressés par l’arboriculture, avec des vergers à l’abandon», oblige à se questionner sur les leviers nécessaires pour redonner de l’attractivité au métier.

C’est là une partie du paradoxe de cette filière. «Il n’y a pas de problème de débouchés», affirme Florent Dory, «c’est la production qui, dans le même temps fait aujourd’hui défaut, avec un potentiel en baisse, moins d’arboriculteurs et moins d’arbres».