Depuis quelques années, les frères Pascal et Thierry Wagner, de Loupershouse, ont adopté le pâturage tournant dynamique pour leur troupeau de 150 vaches laitières. Une pratique sur laquelle ils ont échangé avec une vingtaine de personnes, lors d’une journée organisée par le BTPL.
Pascal et Thierry Wagner ouvraient les portes de leur exploitation à Loupershouse, dans le nord de la Moselle, le 29 juin dernier. Une journée organisée par le BTPL, dans le cadre du programme Cap Protéines, sur le thème de la gestion du pâturage avec un grand troupeau laitier.
Jusqu’en 2015, la ration était composée de deux tiers de maïs et un tiers d’herbe et chaque vache recevait 2 tonnes de concentrés par an. « En 2009, il y a eu une première crise du lait, et nous avons réfléchi à passer en bio. Nous ne l’avons pas fait à l’époque, mais en 2015, avec la deuxième crise du lait, nous avons passé le cap », explique Pascal Wagner. A ce moment-là, les 97 vaches du GAEC Wagner produisaient chacune en moyenne 9 300 L de lait par an. « Les premières fermes bio que nous avons visité pour définir notre projet, produisaient entre sept et huit mille litres de lait par vache, avec des systèmes basés sur le maïs, avec des achats de correcteur azoté bio. Toutefois, nous avions envie d’être moins dépendants des cours des aliments ».
Leur visite de la ferme du lycée agricole de Pixérécourt est une révélation : « nous avons découvert un système simple et qui tenait la route du point de vue économique, avec des vaches autour de 5 000 L », se rappelle Pascal Wagner. Ainsi, les deux frères réfléchissent à un système leur permettant de valoriser au mieux leur production et leurs surfaces, et de dépendre le moins possible d’achats extérieurs.
Investir dans les chemins
Ils le basent sur l’herbe, et surtout l’herbe pâturée, la plus économique. Ils augmentent la surface en herbe de 100 hectares, en implantant des prairies temporaires, et décident de pratiquer le pâturage tournant dynamique. Ils investissent environ 25 000 € pour aménager les surfaces pâturées : il faut créer un kilomètre de chemin, apporter de l’eau et clôturer les 45 hectares en trente paddocks de 1,5 hectares, l’équivalent d’une journée de pâturage.
Pascal Wagner estime que « les vaches ont moins de problèmes depuis le passage au nouveau système, nous avons moins de mammites par exemple. Et puis, les vaches à cellules, je les utilise depuis cette année comme nourrices. Ainsi, même si nous avons plus de vaches, il y a moins de choses à gérer à la traite ». En effet, pour conserver leur production laitière totale avec un système basé sur l’herbe pâturée, il a fallu augmenter le cheptel, d’une cinquantaine de vaches. « Nous pouvions nous le permettre, car l’étable était assez grande pour accueillir plus de vaches sans avoir à investir. Nous avons toutefois arrêté d’élever les veaux mâles, que nous vendons entre deux et trois semaines », commente Pascal Wagner.
Moins dépendre de l’extérieur
Depuis 2018, les éleveurs ont même arrêté le maïs, « à cause des dégâts de sanglier, et des sécheresses », explique Pascal Wagner. « Finalement, les prairies sont très résilientes, ajoute Thierry Wagner. L’année dernière, je voulais en ressemer certaines, mais avec la pluie de 2021, elles sont bien reparties, c’est redevenu un tapis ». Les vaches ont accès à une ration 100 % herbe, pâturée ou conservée, et à 700 kg de céréales autoconsommées par vache et par an. « Nous n’achetons plus que les minéraux », commente Pascal Wagner.
Au printemps, c’est 100 % pâturage. La ration est fonction de l’herbe disponible dans les prairies mais « il faut accepter des fluctuations au tank. En avril mai les vaches produisent entre 23 et 24 litres par jour, alors que fin juin, elles ne sont plus qu’à 19 », explique Pascal Wagner. L’été en revanche, il n’est pas possible d’alimenter les vaches avec le seul pâturage, alors « les vaches sortent la nuit, et sont au bâtiment la journée, avec un accès à l’extérieur ».
Selon les frères Wagner, les vaches se sont bien adaptées au nouveau système, et eux aussi. « Je ne reviendrai pas en arrière, confesse Thierry Wagner. Il y a peut-être plus de travail maintenant, mais c’est un travail plus plaisant ».