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Un foyer de dermatose nodulaire dans un élevage bovin de Savoie

Les animaux infectés présentent des signes de fièvre ainsi que des nodules sur la peau. Photo DR
Les animaux infectés présentent des signes de fièvre ainsi que des nodules sur la peau. Photo DR

Le ministère de l’Agriculture a confirmé le 30 juin qu’un foyer de dermatose nodulaire contagieuse avait été détecté la veille dans un élevage bovin de Savoie. C’est la «toute première fois» qu’un tel cas, qui n’affecte que l’espèce bovine, survient en France.

Un premier cas européen de dermatose nodulaire contagieuse (Dnc) avait été confirmé le 21 juin en Italie. La plateforme française Épidémiosurveillance en santé animale (Esa) signalait un élevage de 131 bovins en Sardaigne.

Il s’agisait de la première apparition de cette maladie en Europe depuis octobre 2017, date de son éradication après une épizootie d’ampleur dans les Balkans (7.800 foyers).

Cette maladie, «non transmissible à l’homme» souligne le ministère de l’Agriculture, se transmet entre animaux par piqûre de mouches hématophages (taons, stomoxe…). La Dnc est provoquée par un virus du genre Capripoxvirus, proche de ceux des varioles ovine (clavelée) et caprine.

Les animaux infectés présentent des nodules sur la peau (voir l’illustration), une baisse de la production de lait ainsi que des signes de fièvre pouvant aller jusqu’à la mort des animaux.

Moins d’une semaine après l’émergence de la maladie en Sardaigne, un second foyer de Dnc a été confirmé dans un élevage bovin du nord de l’Italie le 25 juin.

L’élevage concerné est situé à Porto Mantovano (Lombardie), à 120 km à l’est de Milan et à moins de 250 km de la frontière avec la France. Le bovin infecté provenait de l’élevage précédemment contaminé en Sardaigne, situé à plus de 500 km de là.

Schéma de propagation

Pour les pouvoirs publics italiens, «compte tenu de la présence de la maladie en Afrique du Nord et de son absence actuelle dans d’autres pays de l’Ue, l’origine de l’épidémie serait due à des vagues de vecteurs hématophages», rapporte la plateforme Esa.

La maladie est «endémique en Afrique subsaharienne, et est présente au Proche-Orient, en Asie et, depuis 2023, en Afrique du Nord» (Libye, Algérie, Tunisie), ainsi qu’en Russie.

Ce schéma de propagation rappelle celui d’une autre maladie vectorielle, la Mhe (maladie hémorragique épizootique), véhiculée par des moucherons porteurs qui avaient traversé la Méditerranée.

C’est une maladie à déclaration obligatoire et à éradication immédiate, au sens de la réglementation européenne. Selon la plateforme Esa, «son impact est surtout économique en raison de la morbidité élevée et des restrictions commerciales qu’elle engendre».

Un premier cas français

Le 29 juin, le ministère de l’Agriculture a annoncé que la Dnc était confirmée pour la première fois en France, dans un élevage bovin de Savoie.

Le troupeau infecté doit être abattu, la réglementation européenne imposant l’éradication de cette maladie non transmissible à l’homme. Une zone réglementée de 50 km a été mise en place (avec restrictions de déplacements des bovins et surveillance renforcée). Elle concerne les départements de Savoie, Haute-Savoie, Ain et Isère.

En dehors de la zone réglementée des 50 km autour du foyer, les échanges peuvent continuer, y compris vers l’Italie.

La Fédération Nationale Bovine rappelle que «compte tenu de la situation, les animaux hors de la zone réglementée peuvent continuer à circuler, que la situation en Italie reste stable avec un unique foyer maîtrisé en Lombardie. Il ne doit donc y avoir aucun effet sur la situation de marché actuelle».

Il existe un vaccin vivant atténué efficace contre la dermatose nodulaire contagieuse. C’est cet outil qui avait permis d’éradiquer la maladie en Europe en 2017. À l’époque, «plus de 2,5 millions d’animaux» avaient été vaccinés, soit une couverture vaccinale «supérieure à 70 % dans toute la région», rappelle la plateforme Esa dans une note de 2019.

Comment se manifeste la maladie ?

La période d’incubation de la Dnc varie entre quatre à quatorze jours, pouvant aller jusqu’à un mois. À l’issue de cette période d’incubation, plusieurs signes généraux peuvent apparaître :

• Fièvre pouvant atteindre 41°C,

• Abattement,

• Anorexie,

• Chute de lactation,

• Hypertrophie des ganglions lymphatiques,

• Nodules sur la peau, les muqueuses, les membranes et les organes internes.

Ces symptômes peuvent entraîner la mort des animaux.