Sous la pression de l’évolution inquiétante de l’épizootie de Dnc, les organisateurs des concours ont fait le choix de tenir l’édition 2025 d’Agrimax sans bovins.
Depuis la découverte d’un premier foyer de Dermatose nodulaire contagieuse bovine (Dnc) à Écleux dans le Jura, éleveurs et organisations d’éleveurs engagés dans la préparation du prochain salon Agrimax ont redouté le retournement d’une situation sanitaire qui semblait voir s’éloigner le spectre de cette épizootie pour notre grande région.
Cette hypothèse s’est malheureusement confirmée avec la détection, le 14 octobre, d’un second cas de Dnc sur la commune d’Écleux, où un premier foyer avait été confirmé le 11 octobre, et touchant au total 183 bovins. Le préfet du Jura a annoncé, en conséquence, un effectif de 125.000 bêtes vaccinées au sein de cette zone réglementée, la quatrième dans l’Hexagone.
Douche froide
Sans surprise, cette évolution, renforcée par la douche froide de la découverte d’un troisième foyer de Dnc dans le département de de l’Ain, également le 14 octobre, mais cette fois situé en zone jusqu’alors indemne, mettait encore un peu plus la pression sur les organisateurs et renforçait l’inquiétude des éleveurs bovins.
Dès lors, les messages de très grande prudence se sont multipliés. Portées par les Gds, organisateurs au sein de leur réseau d’une visioconférence dédiée le 13 octobre, comme par de nombreuses organisations professionnelles, les préconisations incitaient à éviter les rassemblements d’animaux.
Le même jour, les éleveurs de Salers, puis des éleveurs de Blondes d’Aquitaine ont émis le souhait de se retirer.
Même directive pour les éleveurs de Jersiaises, qui ont souhaité l’annulation complète de la trentième édition du concours de bovins prévue les 26 et 27 octobre prochains à Habsheim. Les éleveurs de Limousines, sans que cette information ne soit encore confirmée le 14 octobre dans la matinée, étaient sur le point de prendre la même décision, tout comme les organisateurs des concours laitiers.
Agrimax sans bovins
En fin d’après-midi, toujours le 14 octobre, les syndicats de race se sont retrouvés pour évaluer la situation et prendre position sur l’opportunité du maintien des concours bovins.
Logiquement, il a été fait le choix de «la sagesse». L’édition 2025 du salon Agrimax se tiendra sans bovins. Une décision comparable à celle prise par les organisateurs du Sommet de l’élevage quelques semaines plus tôt.
«En tant qu’éleveuse, je considère que c’est une sage décision», livre à chaud Marie-Claude Scharff. C’est une cheville ouvrière des concours laitiers sur Agrimax aux côtés d’Élitest. «Il faut mesurer l’anxiété des éleveurs sur le terrain dans cette situation sanitaire très inquiétante», témoigne-t-elle, même si elle avoue entendre «la frustration, après tout le travail de préparation des animaux dans les fermes, mais aussi le travail des organisateurs dans la préparation de l’événement».
Même son de cloche chez les éleveurs de vaches Limousines. Le président du syndicat Limousin de Moselle, Martial Oster, avoue sa déception, «cette fête que nous avons vu progresser de façon significative depuis deux années ne sera pas le lieu d’échange, de commerce et de promotion de la race qu’il aurait dû être».
«Même si les foyers de Dnc sont encore éloignés, nous ne pouvons pas prendre le risque d’un nouveau foyer» en lien avec l’organisation du salon Agrimax, «et les inévitables transports d’animaux». Mais, au lendemain de la prise de décision, il reste un «sentiment d’incompréhension» chez le président des Limousines. «La situation est dramatique, Agrimax sans bovins c’est comme Cournon sans concours». Et de fustiger les dysfonctionnements ayant conduit à la propagation de l’épizootie en France. Quand bien même on ne maîtrise pas tout puisque le premier cas recensé dans le département du Jura semble n’avoir révélé aucun mouvement d’animaux les trois dernières années.
Dans le concert des voix invitant à maintenir les animaux dans les cours de fermes, une note se distingue. Le président du syndicat des éleveurs Charolais martèle une position opposée, «la décision n’est pas la bonne et tous nos éleveurs inscrits souhaitent venir». Laurent Broquard (il n’était pas présent, mais représenté, à la réunion de concertation des syndicats de races) argumente, «nous sommes très éloignés des zones réglementées et les éleveurs inscrits sont principalement issus du nord de la région». Il avoue que son réseau «travaille d’arrache-pied pour maintenir le concours Charolais» et partage son inquiétude de voir déménager le concours. «Si Agrimax n’accueille pas le concours Charolais cette année, il risque de se tenir ailleurs les prochaines années», prévient Laurent Broquard.
Un peu d’allure
«Le salon va avoir lieu et nous allons maintenant travailler pour que cette édition 2025 ait un peu d’allure», conclut Marie-Claude Scharff. Mais elle plaide aussi «pour faire évoluer l’approche individuelle et collective de la situation sanitaire de l’élevage». «On ne peut pas se contenter d’annuler des concours dans un contexte où les effectifs d’animaux baissent», avertit l’ancienne présidente d’Avenir Génétique Moselle.



