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Valoriser l’herbe produite sur l’exploitation, jusqu’aux consommateurs

Maxime Schmitt valorise la production d’herbe de son exploitation dans la filière Prim’herbe dont les animaux alimentent le rayon boucherie des enseignes Carrefour. Photo Pierre Divoux
Maxime Schmitt valorise la production d’herbe de son exploitation dans la filière Prim’herbe dont les animaux alimentent le rayon boucherie des enseignes Carrefour. Photo Pierre Divoux

Sur les 168 hectares d’herbe du Gaec de l’Hermès, Maxime Schmitt élève et engraisse des Charolais et des Redyblack. Il participe à la filière Prim’herbe pour valoriser au mieux ses animaux.

Installé en 2023 à Rémeling, petite commune de 350 habitants du Pays des Trois Frontières, en Moselle, Maxime Schmitt est un éleveur. L’exploitation familiale a été un environnement propice au développement de sa culture agricole. Sa formation d’ingénieur va confirmer la perspective d’un métier qu’il a choisi. Enfin, son stage de fin d’étude, en immersion au sein de Bovinext, l’organisme de sélection de la race Redyblack, influencera l’orientation du troupeau.

Le Gaec de l’Hermès compte deux associés, Maxime et sa maman. Les 275 hectares de surface agricole de l’exploitation en comptent 107 dédiés aux céréales, oléagineux et au maïs ensilage, dans un assolement typique de la polyculture-élevage en zone intermédiaire.

À noter trois hectares de trèfle, implantés sous orge ou en semis d’automne. Une culture «qui laisse de bons reliquats azotés et apporte de bons rendements fourragers avec trois à quatre coupes», explique Maxime.

Mais la grande majorité de la surface est en herbe, pour un total de 168 hectares de prairies. Rien de surprenant, donc, dans l’orientation élevage allaitant de l’exploitation.

Cette herbe constitue le socle de l’alimentation d’un troupeau de 120 mères Charolaises et Redyblack. «La reproduction se fait à 100 % en insémination artificielle», précise Maxime, et «les animaux engraissés fournissent la filière Prim’herbe».

Conduite de troupeau

Cette filière Prim’herbe est un partenariat avec l’enseigne Carrefour. Elle est destinée aux producteurs de génisses et de bœufs âgés de 14 à 18 mois avec un poids de carcasse allant de 290 à 380 kg.

«Nous avons fait le choix de cette valorisation bien avant mon installation, lorsque l’Apal a initié ce cahier des charges en 2020». «Ça allait bien avec notre système d’exploitation et nos choix de conduite de troupeau, vêlage à deux ans, avec une première Ia à quatorze mois sur des femelles au Gmq régulier», explique Maxime. «Je peux aussi sevrer mes bœufs plus tard, ils profitent un peu plus de l’herbe». Il apprécie de pouvoir «conduire les mâles castrés et les femelles dans le même bâtiment». Et le cahier des charges réservé aux animaux Prim’herbe (voir encadré) propose «une ration très proche du reste du troupeau», «avec un peu plus d’énergie», précise Maxime. En fait, «90 % des fourrages sont issus de l’exploitation. La ration comprend 35 % d’herbe sous forme de foin, d’enrubanné et d’ensilage, 45 % de maïs ensilage et 20 % d’orge aplatie».

Au-delà de la valorisation de l’herbe produite sur l’exploitation, le jeune éleveur apprécie «le côté novateur de cette filière de qualité. Particulièrement avec la race Redyblack, elle correspond aux attentes des consommateurs. La taille des morceaux de viande, la tendreté de la viande sont appréciées».

«C’est aussi la seule filière qui valorise bien les croisés», ajoute Maxime. «L’introduction de la Redyblack dans notre troupeau Charolais a débuté en 2017 dans un schéma d’absorption avec recours à l’Ia», puis «en 2019, avec l’achat d’embryons».

C’est lors de son stage de fin d’étude d’ingénieur Ensaia, à Nancy, que Maxime a adopté la Redyblack. Cette période passée chez Bovinext -l’organisme de sélection de cette nouvelle race-pèsera aussi sur son engagement professionnel puisqu’il y passera une période en qualité de salarié. «J’avais en charge la promotion de la race, la gestion du livre généalogique et l’animation du réseau d’éleveurs». Aujourd’hui, il préside cette structure.

Résultats techniques

Les bœufs croisés et Redyblack de la filière Prim’herbe sont abattus avant 18 mois. Les derniers résultats techniques montrent «un âge à l’abattage de 17,4 mois pour 364 kg de carcasse classés en R+ 3 et un Gmq de 1.300 grammes». Avec un poids vif de 668 kg en moyenne, le rendement carcasse s’élève à 55 %.

Les génisses Croisées et Charolaises affichent en moyenne «un âge à l’abattage de 17,8 mois pour 319 kg de carcasse classés en R+ =». Maxime précise, «les génisses croisées ont une plus grande capacité d’ingestion, elles valorisent mieux les fourrages grossiers que les races pures», et en conséquence, «apportent plus de performance avec une ration équivalente».

Des résultats que l’épizootie de Fco plombe. «J’ai perdu 25 % de mes veaux», témoigne l’éleveur dont les vêlages sont concentrés en début d’automne. En 2025, les animaux sont vaccinés Fco 3 et une partie du troupeau en Mhe.

Mais les veaux manquants vont faire défaut. Un problème majeur du point de vue économique, mais aussi en termes d’approvisionnement d’un marché pourtant porteur. S’y ajoutent les génisses mises à la reproduction pour pallier au déficit d’animaux, même si l’éleveur avoue avoir réformé de façon moins drastique cette année.

La bonne tenue des cours apporte une note d’optimisme dans ce tableau. Un contexte de marché favorable pour lequel se pose la question du resserrement des cours entre filières de qualité et prix de marché.

Le cahier des charges Prim’herbe

«Depuis 2019, le cahier des charges Prim’herbe propose des animaux qui correspondent à des attentes spécifiques des consommateurs», explique Mathieu Schneider chargé de la gestion des filières à l’Apal. «Des bêtes jeunes, tendres, et une taille de portion adaptée.

L’Apal recense 52 éleveurs engagés dans cette filière. Ils ont mis 692 animaux en marché en 2024, essentiellement des génisses et quelques bœufs (62) «avec une plus-value de 15 à 20 centimes du kilo par rapport au marché», précise Mathieu Schneider. Le prix de vente est calculé automatiquement chaque mois selon quatre indicateurs, afin d’être toujours connecté au marché standard.

Le cahier des charges spécifie la production de génisses-bœufs : finition à l’auge ; âge à la vente : entre 14 et 18 mois ; poids carcasse : entre 290 et 380 kg ; état d’engraissement 3 ; races : races à viande ou croisées lait x viande.

L’alimentation doit provenir à plus de 90 % de l’exploitation, avec 35 % d’herbe sous toutes ses formes.